Rivière de l'Utopie Un chant sacré se prépare. Dans la noire décadence du monde hommes et bêtes se préparent à la regénération de la terre bafouée |
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| A l'auberge | |
| | Auteur | Message |
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Zaharia O'Slaavia paysans
Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 27/05/2008
| Sujet: A l'auberge Mer 28 Mai - 15:56 | |
| Jour de pluie. Les yeux dans le vide, Zaharia regardait distraitement les milliards de petites gouttes tomber sur le perron de l'auberge. C’était un journée comme les autres : les mêmes clients alcooliques, les mêmes commandes de nourriture spongieuse, les mêmes mines tristes et sans intérêt. Depuis qu’elle était arrivée dans la capitale, la jeune fille trouvait sa vie morne et insipide. Elle qui s'attendait à une vie remplie de couleurs vives et de fêtes; ses rêves furent vite tombés à l’eau. De plus, elle s’était sauvée si vite de son village natal qu’elle n’avait pas eu le temps d’emporter quoi que ce soit. Elle était entrée dans cette ville seule, affamée, fatiguée, sale et sans le sou. Elle avait vite trouvé une place de serveuse dans une auberge de classe moyenne, ni trop luxueuse, ni trop crasseuse. Mais, ne nous leurrons pas, le propriétaire du « Dragon d’or » ne l’avait pas engagée pour ses talents de serveuse mais pour son physique. Il est vrai que pour compenser sa timidité maladive et sa maladresse légendaire, ses yeux verts, son visage imprégnée de grâce, ses cheveux noir corbeaux et ses courbes généreuse n’étaient pas de trop. Malheureusement, la jeune adolescente devait constamment se battre pour que les clients de l’auberge ne la prennent pas pour une fille de joie. Cependant, son accoutrement prêtait à confusion : elle était vêtue d’une robe bleue nuit qui lui descendait jusqu’aux pieds, avec des manches courtes bouffantes et un décolleté à faire rougir une nonne. Bien sûr, la robe soulignait parfaitement ses hanches et était si serrée à la poitrine que ses seins manquaient de sortir à chaque respiration. Avec un tel vêtement, essayez donc de défendre votre vertu ! Voilà à quoi pensait la jeune fille lorsqu’elle fut dérangée par Castigon, un jeune serveur de 19 ans : « -Hé Zaharia ! Qu’est ce que tu fais ? Les tables ne vont pas être nettoyées toute seules ! » Et après un juron bien sorti, la serveuse se mit au travail à contre cœur. Elle en était à la troisième table lorsque la première insulte fusa : « - Toi là ! La putain ! Lâche donc ces assiettes et vient donc t’asseoir sur mes genoux ! » Encore un client saoul. Essayant de rester imperturbable, Zaharia continua à empiler les assiettes pour les apporter en cuisine. « -Tu es sourde ou quoi ? Ton travail, c’est de m’obéir ! Viens donc me faire une gâterie ! » La jeune fille essaya donc de faire la sourde oreille mais c’était trop tard. Elle rougissait déjà. Maudissant le client, Zaharia respira un grand coup et d’efforça de se calmer. « -Et voilà qu’elle rougit ! Ne fais pas ta timide, viens par là catin ! » La jeune fille ne pût rien faire. L’homme lui agrippa le poignet et l’entraîna violemment vers lui. Dans un grand bruit, les assiettes de bois que le jeune fille tenait une seconde auparavant valdinguèrent sur le sol. Se fichant complètement de cet incident, l’homme commença à placer ses mains sur le corps de Zaharia, sans tenir compte de ses ruades et de ses coups. Cette tentative de viol ne semblait gêné personne dans l’auberge, et, la première surprise passée, tout le monde reprit ce qu’il était en train de faire. Tout le monde, sauf lui.
Dernière édition par Zaharia O'Slaavia le Ven 30 Mai - 11:33, édité 2 fois | |
| | | Risentsu Jirrotame paysans
Nombre de messages : 93 Date d'inscription : 18/05/2008
| Sujet: Re: A l'auberge Mer 28 Mai - 17:00 | |
| Risentsu quitta la prison du château avec un vague sentiment de culpabilité. Certes il ne pouvait rien faire pour aider Améyst tant qu’il serait lui aussi en prison, mais l’idée de la laisser là lui apparaissait comme une trahison. *Je ne t’ai pas abandonné …* Pris de vertige sous la force du coup que le garde venait de lui donner, il s’assit un moment, la tête entre les mains. Il se concentra et perçut les bruits que faisaient Améyst dans sa cellule. Elle suffoquait et était secoué de sanglots. Risentsu eut envie de retourner auprès d’elle, de la serrer dans ses bras, de l’embrasser. Pourtant, il ne bougea pas, conscient qu’il serait à nouveau emprisonné et que là, son avenir et celui de son amie serait vraiment à tout jamais perdu. Il lui semblait, cependant, qu’une poignée d’heures passée avec elle en prison valaient toujours mieux qu’une vie de solitude, tant il était persuadé que sans elle, il ne retrouverait jamais le bonheur. Il passa plusieurs jours à errer dans la ville tel à un fantôme. Il ne mangeait pas, ne buvait presque pas. Ereinté, il prit enfin conscience que se comportait ainsi ne changerait rien au destin malheureux de la jeune femme qu’il voulait protéger. Il se décida à agir, le lendemain même, bien qu’il n’eut aucun plan, aucune solution pour sortir Améyst de là. *J’ai dit que je reviendrais et je tiendrais ma parole…* Il se dirigea vers l’auberge où il séjournait avec Améyst avant leur arrestation. Il voulait se restaurer et dormir un peu avant d’agir. Il s’était installé dans la salle commune de l’auberge et mangeait sans grand appêtit le plat que la serveuse lui avait apporté. Quelque chose en elle l’avait d’ailleurs intrigué : bien que trop jeune pour être une de ses connaissances, il lui semblait la connaître. Cependant, il était tellement absorbé par son malheur et sa tristesse qu’il ne réfléchit pas longtemps à la question. Après l’avoir remercier, il s’était replonger en silence dans ses pensées. Il en était à se demander ce qu’il avait fait au ciel pour en arriver là lorsque qu’un bruit sourd le sortit de sa torpeur. Il tourna la tête et avisa la même jeune fille qui l’avait servi, quelques instants plutôt aux prises avec un homme. Bien que la jeune femme se fasse agresser devant leurs yeux, pas uns ne bougeaient. Risentsu se leva brusquement, manquant de renverser la table qui se tenait devant lui. Il se précipita vers la serveuse et son assaillant. Il sortit son couteau de sa poche et le posa sur le cou de l’homme : « -Excuse toi, va t’en et ne reviens jamais … » Il devait y avoir quelque chose d’inquiétant dans l’expression du jeune homme car l’autre bredouilla une maigre excuse et sortit de l’auberge d’un pas pressé. Les cheveux de Risentsu étaient hirsustes et son visage couvert de poussière. Les cernes qui encadraient ses yeux le rendait presque effrayant. Le jeune homme, qui en était maintenant conscient, s’empressa d’ajouter à l’adresse de la jeune femme : « -ça va, tout va bien… Venez avec moi » Il l’aida à se relever et la laissa s’appuyer sur son épaule pour marcher. Il l’enmena jusqu’à la table où il avait été assis quelques secondes plutôt. Il s’installa en face d’elle. | |
| | | Zaharia O'Slaavia paysans
Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 27/05/2008
| Sujet: Re: A l'auberge Ven 30 Mai - 11:33 | |
| Zaharia était troublée. Et soulagée aussi. Ce jeune homme assis en face d’elle, dans cette auberge miteuse, ne semblait pas lui vouloir de mal. C’était bien la première fois qu’un homme lui adressait la parole sans être intéressé par ses charmes. Elle ne savait comment réagir. Devait-elle le remercier ? Surement. Mais elle n’osait pas prendre la parole. Ce jeune homme, dont elle ignorait tout jusqu’à son prénom, l’avait arrachée des griffes de ce salaud mais ne semblait rien attendre en retour. Il fut le seul à intervenir, le seul à avoir un peu d’humanité pour la défendre. « - ça va, tout va bien… Venez avec moi » Il avait dit cette phrase d’une voix si douce et avec fermeté. Cette voix avait agit sur elle comme un sortilège l’aurait fait. En une seconde, elle ne savait plus qui elle était, ni où elle était… Et son trouble n’en fut qu’amplifié. Elle n’osait lui parler. Il était là, en face d’elle, mais il semblait ailleurs. Son visage, qui devait d’ordinaire être doux et calme, était ce jour-là empreint d’une tristesse douloureuse, derrière toute cette poussière et cette crasse. Zaharia se demandait qui avait bien put lui faire apparaitre cette expression si tourmentée sur le visage. Surement une femme. Elle fut soudain prise d’une bouffée de jalousie pour cette femme, ce monstre qui avait osé faire souffrir cet homme. Car il souffrait, oui, Zaharia pouvait l’affirmer sans crainte : le pauvre était tellement enfoncé dans sa tristesse et sa douleur qu’il n’avait pas dormit, ni mangé depuis plusieurs jours. Ses yeux étaient cernés, ses cheveux, hirsutes. Seulement, elle devinait que sous toute cette crasse, un beau jeune homme se cachait, ainsi qu’un cœur d’or. Dommage qu’il soit déjà épris de quelqu’un d’autre… Mais la jeune fille se reprit bien vite : cet inconnu devait avoir une trentaine d’années de devait être assez vieux pour être son père… Néanmoins, avoir un lien de parenté avec lui était impossible, Zaharia était prête à en mettre sa main au feu. Sa mère n’aurait jamais eu assez de classe pour avoir pu mettre ce respectable jeune homme dans son lit. C’était tout bonnement impossible. Perdue dans ses pensées, la jeune fille ne s’était pas rendu compte que ce beau jeune homme la fixait lui ausi. Elle essaya de prendre la parole mais sa timidité repris le dessus. De plus, elle fut coupée dans son élan : un homme corpulent vint se poster dans la table. Et rien qu’à voir l’expression de l’homme, la jeune fille pouvait deviner que le propriétaire de l’auberge était furibond. - Zaharia ! Bouge-toi ! Petite paresseuse ! C’est pas l’heure de se reposer ! Il y a d’autre client qui attende ! Va débarrasser les tables, et que ça saute ! Ou sinon, tu perds ta place ! - Oui, une minute... Grommelant dans sa barbe, le propriétaire de l’auberge repartit à contre cœur dans les cuisines. Et brusquement, sans savoir pourquoi, Zaharia fondit en larmes. Sous le regard inquiet du bel inconnu, elle tenta de s'expliquer. - Non, ce n’est rien… C’est juste que… vous êtes l’homme le plus gentil du monde. Et… je ne vous remercierez jamais assez…de m'avoir sauvé... Suis je bête... Je ne me suis même pas présentée... Je m’appelle Zaharia O’Slaavia… Et vous? L'homme lui répondit s'appeler Risentsu Jirrotame. Séchant les dernières traces de sa faiblesse, Zaharia prit son courage à deux mains et continua à l’interroger. Après quelques banalités échangées à propos du temps, la jeune fille se mit à déballer son histoire, et à un inconnu en plus ! Mais ça lui était égal. C’était la première fois de sa vie qu’un homme s’intéressait à ce qu’elle disait. Et ça lui faisait un bien fou de pouvoir tout déballer, comme ça, sans essuyer de reproches… - Je me suis enfui de mon village natal, près d’Ossoloth il y a deux mois… J’ai vécu les 14 dernières années de ma vie là-bas, dans une auberge crasseuse, avec ma mère. Je n’ai pas eu une vie facile, je devais servir les gens la journée et m’occuper de ma mère malade la nuit. C’était une fille de joie dans le temps… Mais les années et les maladies ont eu raison d’elle. Un soir, alors que la salle était bien remplie, un homme m’a accostée, comme aujourd’hui, et ma fait le même cirque que cet homme tout à l’heure. Heureusement, il était ivre mort et je n’ai pas eu de mal à m’en débarrasser… Mais j’ai moyennement apprécié cet épisode et je me suis enfuie… J’ai mis deux mois pour venir ici et j’ai réussi à me trouver une bonne place dans cette auberge… Même si je n’ai pas toutes les qualités pour faire une bonne serveuse… De toute façon, je vais finir comme ma mère : une fille de joie. Et dans quelques années, je mourrais, rongée par la maladie et la boisson
Pendant tout le récit, Risentsu Jirrotame ne dit rien et n’interrompit pas la jeune fille. Il juste hocha la tête une ou deux fois. Même s’il était accablé par sa propre douleur, il écoutait attentivement Zaharia. Quand elle eu finit de dire ce qu’elle avait sur le cœur, elle se tut elle aussi. Un silence s’installa autour de la table, et les deux jeunes gens furent enveloppés par le brouhaha environnant. Puis, après être resté dix minutes sans rien dire, Risentsu demanda à la jeune fille de lui parler de sa mère. Cette requête étrange intrigua Zaharia. Un peu égoïstement, elle avait espéré que le jeune homme l’aurait interrogé sur ses désirs, ses gouts… sur elle… Mais elle n’aurait jamais pensé qu’il put la questionner sur sa mère… - Et bien… elle s’appelle Deruberra O’Slaavia. Elle est née à Eneël et a vécu là bas quelques années. Je crois que mes grands parents étaient des gens biens qui n’ont pas compris pourquoi elle s’est enfuie de chez eux. Peut-être s’est elle enfuit avec un garçon, ou peut-être était-elle folle. Je ne sais pas comment elle a atterri à Ossoloth, ni pourquoi cette ville lui a plu autant. En tout cas, elle l’a tellement aimé qu’elle ne l’a plus jamais quitté… En ce qui concerne mon père... Il parait que ma mère en était follement amoureuse… Elle n’avait que 16 ans mais elle était déjà célèbre dans le milieu des filles de joie. Il venait tous les soirs à l’auberge où elle travaillait et ils ont finit par faire ce qu’il fallait pour qu’elle tombe enceinte. Je ne sais pas ce qu’il lui a plut chez ma mère, à part sa beauté… Elle était très belle à cette époque… Maintenant, elle fait plus vieille que son âge… en fait, elle n’a jamais guéri de cet amour. Elle espère toujours qu'il va venir la cherché pour la sortir de cet enfer et s’enfuir avec elle… Comme il l'avait promis il y a si longteps... Mais le soir où ils devaient s’enfuir tous les deux, il n’est pas venu… elle a attendu toute la nuit dehors, en larmes et le cœur brisé… Et a du oublié ses rêves pour se remettre « au travail »… Je ne veux pas finir comme ça… Et je veux retrouver mon père, même après ce qu’il a fait, car c’est quand même ma famille… Zaharia se remit à pleurer, malgré elle, sur son triste sort… ___________________________________________________ [edit Améyst dreamhollow : désolée, mais tu ne peux pas faire parler un personnage "humain" qui est celui d'une autre personne... De plus seule la couleur verte t'es autorisée pour les paroles des personnages non-joueurs... Et tes paroles doivent être sans couleurs =)] [edit Zaharia O'Slaavia: oups! :s *au bord des larmes*, je suis sincèrement désolée... Je ne connaissais pas du tout ces règles... On va dire que je ne l'ai ai pas lu attentivement... Est ce que tu m'en veux beaucoup pour ce terrible affront? J'ai essayé d'arrangé le coup... même si c'était mieux avec les paroles de Risentsu... ] [Ca va ca va je survivrais à cet affront !] | |
| | | Risentsu Jirrotame paysans
Nombre de messages : 93 Date d'inscription : 18/05/2008
| Sujet: Re: A l'auberge Sam 31 Mai - 13:09 | |
| La jeune fille semblait effrayée et resta un long moment sans parler Risentsu respecta son silence et se contenta de la regarder, un peu fixement peut-être, mais la ressemblance qu’il avait perçu lorsqu’il l’avait vu pour la première, c’est-à-dire quelques minutes auparavant, ne cessait de le tourmenter. Bien que beaucoup trop jeune pour être une de ses connaissances, tout en elle, depuis son langage jusqu’à sa façon de bouger, lui paraissait familier. Au bout d’un moment, Risentsu vit qu’elle ouvrait la bouche pour parler mais elle fut interrompu par l’aubergiste. Le jeune homme lui lança un regard noir et pénétrant et ce dernier ne tarda pas à s’éloigner en râlant. La jeune fille parut alors reprendre confiance en elle et commença enfin à parler. Risentsu tiqua lorsqu’elle lui dit sinon. Il l’avait déjà entendu quelque part, son nom de famille tout du moins. Bien qu’incapable de se souvenir où, ce nom ne lui rappelait que de mauvais souvenir. Un léger malaise passa sur ses traits fins mais Zaharia ne sembla rien remarquer et continua son discours. Elle lui parla d’elle, et, sur l’invitation de Risentsu, évoqua sa mère et sa vie. Il écoutait avec attention les propos de Zaharia, comprenant au fur et à mesure la situation périlleuse dans laquelle il s’était mis en sauvant cette adolescente. Le bon sens aurait voulu qu’il s’en aille. A son air confiant, elle ne se doutait de rien. L’emprisonnement d’Améyst l’avait déjà détruit et il ne pouvait supporter une autre épreuve. Il eut un geste pour se lever mais y renonça bien vite, tant elle l’intriguait. *Si tu pars maintenant, tu ne pourras plus jamais te regarder en face…* Il se redressait gardant toujours le silence. La jeune fille continuait son récit, imperturbable. Le visage du jeune homme pâlit lorsqu’elle parla de son père et de la manière dont elle pensait que ses parents s’étaient rencontrés. Il ouvrit la bouche pour protester mais aucun son n’en sortit. Au grand étonnement de Zaharia, il se leva et lui fit signe de le suivre. Les clients lui lancèrent un regard peu amène : il avait, quelques instants plutôt, défié un homme qui traitait cette femme comme un putain, et maintenant il l’entraînait dans sa chambre. Risentsu n’y pretta guère d’attention et Zaharia, après une courte hésitation, se décida à le suivre. Ils montèrent l’escalier au bois grinçant qui menait jusqu’à la chambre qu’ils avaient loués, Améyst et lui, la semaine précédente. Il sentit les larmes aux yeux lorsqu’il vit les affaires de son amie, à l’endroit où elle les avait laissé, il y avait maintenant plusieurs semaines. Il serra les dents, ouvrit les volets et s’affaira à ranger les possessions d’Améyst. Quand il eut finit, il fit signe à Zaharia de s’asseoir sur le siège, à côté de la cheminée. Il soupira et prit son courage à deux mains : « - Mademoiselle » fit-il, et ces mots sonnèrent bizarrement dans sa bouche, « j’ai quelque chose d’important à vous dire, c’est à propos de … votre père » Il fit le visage de la jeune fille se tendre d’excitation et d’impatience : naturellement, se dit-il, elle a du chercher son géniteur pendant des années, son enthousiasme est compréhensible. Elle ne semblait manifester aucune haine envers son père mais cette constatation ne rendit pour autant pas le courage au jeune homme. « - J’ai bien peur que votre mère vous ait menti », reprit-il, « rien ne s’est passait comme cela… Je suis … excusez moi c’est si difficile à dire … je pense être votre père … » Les yeux de Zaharia s’arrondirent de surprise : peut être remarqua t’elle à ce moment précis la ressemblance entre elle et cet homme, qui se prétendait son ‘papa’. Risentsu s’empressa de continuer avant qu’elle ne l’interrompe : « - J’ai connu votre mère il y a maintenant presque 16 ans. C’était le lendemain de la mort de mes parents, j’étais alors encore très jeune, à peine 12 ou 13 ans. Je m’étais enfui de chez moi pour échapper à la sollicitude bienveillante de mes sœurs, qui ne faisait que m’exaspérer et me conforter dans ma détresse. Je suis descendu dans le village d’à-côté et je vous pris de me croire, ce fut la première et dernière que je mis les pieds dans le genre de quartier où j’ai rencontré votre mère. Je ne sais pas ce qui en moi lui a plu mais elle est venue me voir et m’a encouragé à la consommation d’alcool… » Il se raidit et commença à rougir, de cette manière qui lui était propre : « -Je ne me souviens pas des événements qui ont suivi, à part que je me suis réveillé le lendemain matin dans le lit de votre mère … Je me suis enfui avant qu’elle se réveille car je sentais qu’elle m’aurait retenu.. » Il baissa les yeux et fixa longuement le plancher : « -Je suis désolé … » Zaharia réfléchissait, Risentsu pensa qu’elle se rendait compte que tout coïncider : la période où il avait connu sa mère qui correspondait avec l’age de la jeune fille, leur ressemblance, le lieu de rencontre, … Tout conduisait à la même conclusion inévitable : celle à laquelle en était venu le jeune homme, son père. « -Je comprends que votre mère est inventé cette histoire, elle cherchait à vous protéger … el fait que vous pensiez que votre père était un lâche qui l’avait abandonné était sûrement plus aisé pour elle… Je n’étais pas au courant de votre existence … » | |
| | | Zaharia O'Slaavia paysans
Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 27/05/2008
| Sujet: Re: A l'auberge Sam 31 Mai - 19:21 | |
| « Je n’étais pas au courant de votre existence … » Ces paroles plombèrent le moral de Zaharia. Elle qui s’était imaginé tant de choses sur son père, elle se traita d’idiote… Elle se trouvait tellement nulle, tellement stupide, depuis toute petite, elle s’était crue au-dessus des autres, supérieure à touts ces analphabètes sans éducation. Elle s’était même inventé un titre, pour se prouver sa supériorité : à cinq ans, elle se surnommait "prophétesse de la sagesse humaine". Mais elle comprenait qu’elle avait été un peu vantarde et orgueilleuse. Jusqu’à présent, elle pensait qu’elle aurait pu tout accepter de la part de son père, tout. Mais maintenant… Elle ne savait comment réagir face à cet inconnu… son ‘père’. Dans cette chambre, assise en face de lui, elle luttait pour ne pas fondre en larmes de nouveau… Mais elle devait reprendre le dessus, montrer qu’elle n’était pas une pauvre petite chose, toute fragile et sans défenses. Elle devait se montrer plus forte… *Quel gâchis !* Durant toute ses années… se battant contre cette vie misérable… dans l’espoir que son père allait la sauvée… Mais, en repensant à tous ses rêves, toutes ses illusions, Zaharia se dit qu’elle avait été bien sotte. Tandis qu’elle cogitait toutes ces nouvelles informations et qu’elle se maudissait d’avoir cru à tous ces délires, son regard glissa vers la petite fenêtre de la chambre, d’où l’on pouvait voir le petit jardin de l’auberge avec ses quelques conifères. *Comment peut-il me sauver, alors que lui-même est en plein désarroi ?*Elle était face à un dilemme : elle voulait en savoir plus sur son père mais, en même temps, elle avait peur de se qu’elle allait découvrir… On ne sait jamais, sous ses airs respectables, il pourrait être un meurtrier en cavale, ou un dangereux psychopathe. De la part d’un homme qui a été assez bête pour mettre enceinte sa mère, on pouvait s’attendre à tout. Néanmoins, il avait l’air sérieux et elle doutait qu’il est fait quoi que ce soit d’illégal. Mais tout allait trop vite. Elle n’était qu’à Oalgam depuis quelques jours et elle retrouvait déjà son père. Même dans ses rêves les plus fous, elle n’aurait pu croire cela possible. C’était sure, il y avait un piège, ce ne pouvait pas être réellement son père. Mais… Après mure réflexion, ils avaient tous les deux quelques points communs… Leur façon de marcher, les traits de leur visage… Mais à part ça, cet homme était un inconnu pour elle… Elle ne savait rien de lui, à part son nom. Le seul détail qu’elle pouvait deviner aisément, c’est que son ‘père’ -elle avait bien du mal à le considérer comme tel- avait refait sa vie… C’est cette pensée qui l’avait accueillit quand elle était entrée dans sa chambre… Risentsu devait d’ailleurs occuper cette pièce depuis plusieurs semaines car des vêtements étaient rangés dans un coin… Mais quelque chose clochait : Zaharia était persuadée que le jeune homme –son père- n’y habitait pas seul. Tout, dans cette pièce, montrait qu’une femme l’accompagnait. L’odeur qui flottait dans l’air, l’ordre qui régnait, l’amoncellement de vêtements féminins… De plus, se dit Zaharia, ce devait être cette femme, présente dans les moindres recoins de cette pièce, qui le tourmentait ainsi… Toutefois, la jeune fille chassa cette pensée de la tête, elle devait restée concentrée sur son père… Elle grimaça à cette pensée, ce que Risenstu ne manqua pas de remarquer… « - Ce n’est rien… J’ai juste un peu de mal à respirer… à cause de cette robe » Ce qui n’était pas un mensonge : Zaharia étouffait, les lacets qui maintenaient en place sa tenue étaient trop serrés et l’empêchaient de reprendre son souffle, elle devait haleter rapidement pour ne pas s’asphyxier. Elle devait sans doute se mettre à rougir d’une façon alarmante car, après quelques hésitations, son père lui proposa de revêtir une des robes de sa ‘compagne’… Gênée, et en même temps flattée qu’il lui offre une des robes de la personne qui doit compter le plus pour lui, elle n’osa lui demander de sortir… Elle était là, à se demander comment se dévêtir puis se rhabiller sans qu’il n’aperçoive une quelconque partie de son corps, il comprit son malaise et sortit de la chambre. La lutte avec sa robe prit une vingtaine de minutes, auxquelles s’ajoutèrent les vingt autres minutes pour enfiler la robe de l’ ‘autre femme’. Mais c’était comme si cette tenue avait était taillée pour la jeune fille. Et cet habit la changeait des accoutrements qu’elle avait l’habitude de porter. Le costume était bâti en deux parties : le jupon, chose tout à fait étrangère pour Zaharia, et la robe en elle-même. Celle-ci était magnifique [hj : et oui, Ameyst, tu portes des robes magnifiques] : son vert foncé soulignait les yeux de Zaharia et ses petites touches d’or subtiles soulignait parfaitement la silhouette de la jeune fille. Elle était en train de remettre en place les mèches rebelles grâce à la petite coiffeuse disposée dans un coin de la pièce et de se rafraichir le visage grâce à une cruche à eau lorsque Risentsu entra dans la pièce. Surprise, elle se retourna et le père et la fille se regardèrent dans les yeux. Et ce que Zaharia vit dans les yeux de son géniteur lui fendirent le cœur. On y lisait un réel désarroi, ainsi que de la tristesse et de la douleur. C’était sûr, ce jeune homme était vraiment tourmenté mais elle ne pouvait rien faire tant qu’il ne lui aurait pas raconté son histoire. Comment voulez vous aider quelqu’un s’il refuse de se confier ? Si vous ne connaissez même pas –même si vous vous en doutez- les causes de son malheur ? Certes, ils ne se connaissaient de puis à peine deux heures mais tout de même, c’était sa fille ! Ce n’était pas comme si Zaharia était une parfaite inconnue ! Le même sang coulait dans leurs veines ! Et ça, ce n’était pas rien ! Bizarrement, la colère permettait à la jeune fille d’accepter ce lien de parenté… Et quelque part, au fond de son cœur, elle se disait que si elle arrivait à le sauver, lui, de cette souffrance, elle arriverait, elle aussi, à échapper à cette vie misérable…
Mais pour ce faire, il fallait tout d’abord qu’il lui confie l’objet de son tourment… | |
| | | Risentsu Jirrotame paysans
Nombre de messages : 93 Date d'inscription : 18/05/2008
| Sujet: Re: A l'auberge Sam 31 Mai - 20:16 | |
| Risentsu passa près d’une heure dans le couloir, à attendre que sa ‘fille’ lui fasse comprendre qu’il pouvait entrer à nouveau. Il ne cessait de penser à Améyst, sa bien-aimée emprisonnée dans le château d’Oalgam. Formuler ainsi, et il en avait confiance, son ‘aventure’ ressemblait fort à un conte pour enfant. Cependant, il avait conscience que ce n’était pas le cas et que son histoire à lui n’était pas assurée d’une fin heureuse. Il ne pouvait s’empêcher de penser que sa rencontre fortuite avec Zaharia ne pourrait faire que sa mauvaise fortune. Il devait se concentrer et tout mettre en œuvre pour sauver Améyst et au lieu de cela, il était là, crasseux et à bout de force, en train de ruminer son désespoir vautrer sur le plancher d’un couloir misérable. Il se redressa, considérant que Zaharia devait largement avoir terminer, et entra dans la pièce. Il eut un choc et faillit tomber. En voyant sa fille là, avec la robe d’Améyst, il crut qu’elle était là, elle, en face de lui, dans sa robe en train de lui sourire. Il ferma les yeux et secoua imperceptiblement la tête. Il se laissa tomber dans le fauteuil à côté de la cheminée. Bien qu’une partie de lui était content d’avoir découvert l’existence de sa fille, il ne voulait surtout pas perdre de temps et alla droit au but : « -Zaharia, je suis bien conscient qu’on se connait depuis peu … Cependant, j’ai un service à te demander. Je me doute que tu es une fille perspicace et que tu as remarqué mon chagrin et la présence féminine dans la pièce… Mon amie a été emprisonné, elle n’a rien fait… La justice de ses terres est arbitraire et ils n’aiment pas les étrangers. Peux tu m’aider à la sauver ? » Au fur et à mesure qu'il parlait, l'air de la pièce lui sembla devenir de plus en plus étouffant et difficile à supporter. "-Tu n'as qu'à m'acompagner dehors, je te raconterais toute mon histoire... Et tu pourras choisir de m'aider ou pas, en connaissance de cause " Zaharia acquiesca et ils quittèrent l'auberge ensemble Suite --> ici | |
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| Sujet: Re: A l'auberge | |
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| | | | A l'auberge | |
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